Les mesures anti-sans-abri se multiplient à Montréal avec le retour de la réglement anti-vagabondage dans le métro

Savanna Craig
8 Min Read
Les mesures anti-sans-abri se multiplient à Montréal avec le retour de la réglement anti-vagabondage dans le métro

David Chapman, directeur général de la refuge de jour Résilience Montréal, souligne une evidence. Il essaie de s’allonger sur les barres d’appui en acier qui ont été installées sur un banc public afin d’empêcher quiconque de s’y endormir. « Je ne suis pas sûr de vouloir rester allongé ici trop longtemps, » dit-il. « Oh mon Dieu. Oui, non, non, pas pour dormir. » Le banc se trouve en face de Résilience, sur le square Cabot, un lieu de rassemblement pour les Montréalais autochtones vivant dans la rue. Jour et nuit, pendant les mois les plus chauds, les gens sans domicile fixe s’y retrouvent souvent pour essayer de dormir dans le parc. Mais des obstacles, tels que les accoudoirs en acier et les lattes métalliques des sièges, les en empêchent. En 2020, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est indignée que son administration municipale ait installé des bancs anti-sans-abri presque identiques au square Cabot et a promis qu’ils seraient retirés. Ils l’ont été. Le nombre de personnes dans la rue explose à Montréal et au Québec Cinq ans plus tard, entre la pandémie et la crise de la hausse des loyers, le nombre de Montréalais sans domicile a explosé. Une enquête menée en janvier 2025 par Centraide a révélé que le nombre de personnes sans domicile sur l’île de Montréal avait augmenté de 33 % entre 2018 et 2022, tandis que les banlieues de la rive sud de Montréal ont vu leur population sans domicile augmenter de 98 % au cours de la même période. Ces chiffres reflètent une augmentation du nombre de personnes sans domicile fixe dans toute la province. Entre 2013 et 2018, la population sans abri du Québec est passée de 3 016 à 3 149 personnes, soit une augmentation de 4 %. Mais au cours des cinq années suivantes, la population sans domicile fixe du Québec a grimpé en flèche pour atteindre 10 000 personnes en 2022, soit une augmentation de 216 %. En savoir plus : SAANAQ : Un centre multifonction ouvre près du Square Cabot, suscitant des mécontentements Un refuge à Montréal lance un service de navette pour les personnes en situation d’itinérance À mesure que la population des personnes sans-abri a augmenté, les mesures visant à expulser les itinérants se sont généralisées. Les mêmes bancs anti-itinérants qu’auparavant ont discrètement fait leur retour au square Cabot, et, cette fois-ci, le maire Plante n’a fait aucun commentaire. « Le constat est assez clair : la mairesse trahit littéralement son engagement » Les défenseurs des personnes en situation de pauvreté l’ont remarqué. « Le constat est assez clair : la mairesse trahit littéralement son engagement, » Lynda Khelil, de la Ligue des droits et libertés, a déclaré au journal Le Devoir. « C’était un engagement ferme, la Ville prétendait que ce serait un jalon important dans la lutte contre le profilage social et le profilage racial à Montréal ». Malgré les protestations, l’adoption d’architecture hostile s’est poursuivie. Chapman montre un nouveau système de ventilation dans la ruelle derrière un immeuble près de Resilience. Il n’est pas certain que celui-ci ait été repensé pour dissuader les itinérants, mais il a des soupçons. Une bouche d’aération surélevée que David Chapman pense avoir été modifiée pour empêcher les gens de dormir dessous. Photo : Archives APTN « Nous avons ici un grand système de ventilation qui vient d’être installé cette année », il explique. « Avant, c’était une bouche d’aération qui soufflait de l’air chaud vers le bas et qui permettait à une personne, même en hiver, de rester au chaud simplement en s’asseyant dessous. C’est un exemple des mesures mises en place pour, en quelque sorte, éloigner les personnes sans-abri. » La politique municipale a suivi les changements apportés à l’espace public. La STM réinstaure sa règle anti-flânerie Le système de transport de Montréal, ou STM a réintroduit une obligation de circuler le 18 juin. Cette ordonnance octroie aux agents de la STM des pouvoirs supplémentaires pour intervenir et expulser les personnes qui occupent le métro sans l’utiliser pour le transport-quotidien. La mesure a été introduite pour la première fois en mars dernier, pour une durée de sept semaines. À cette époque, Chapman a vivement critiqué la décision de la STM d’expulser les personnes démunies de ses stations sans aucun plan pour les aider. « Que va-t-il se passer ? » s’interrogeait-il à Nouvelles Nationales d’APTN en mars.  « Nous expulsons les gens du métro. Cela résout le problème pour les responsables de la STM. Mais où ces personnes vont-elles aller ? » Chapman dit que l’obligation de circuler a augmenté l’achalandage de Résilience, forçant certains à dormir dans les couloirs. Depuis que les mesures anti-vagabondage ont été réinstaurées, tant de personnes se rendent au centre de jour Résilience qu’elles sont obligées de dormir dans les couloirs. Photo : Archives APTN Il affirme que les mêmes effets se reproduisent actuellement. « Nous constatons des files d’attente plus longues. Nous voyons clairement que davantage de personnes utilisent nos services. » Nouvelles nationales d’APTN a contacté la STM, mais celle-ci n’a pas accepté de nous parler. La STM dit que la justification du retour de l’obligation de circuler est que la sécurité s’est améliorée lors de la première mise en œuvre de cette ordonnance, tant pour les usagers que les travailleurs. Dans un communiqué de presse, le président du conseil d’administration de la STM, Éric Alan Caldwell, a déclaré que la vraie solution au problème des personnes sans-abri qui se réfugient dans le métro est « une réponse structurelle et durable pour venir en aide aux personnes vulnérables, notamment par un meilleur financement des ressources, et ce, tout au long de l’année. » Chapman est d’accord avec l’idée d’augmenter le financement des ressources, mais il dit que les gouvernements se concentrent sur les initiatives en matière de logement, au lieu de trouver un équilibre en soutenant les services d’urgence. « Les organisations qui tentent d’offrir un endroit sûr aux personnes en difficulté ne trouvent pas de financement, » déclare-t-il, « car le message que reçoivent les gouvernements est d’investir directement dans le logement, en donnant la priorité au logement. » Chapman soutient que des centres d’aide aux personnes en situation d’itinérance devraient être disponibles dans chaque quartier de Montréal. « Si nous continuons ainsi, nous ne mettrons pas fin à l’itinérance, mais nous pourrions mettre fin à l’existence des gens sans-logis. » Avec des fichiers provenant de Jesse Staniforth Continue Reading

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