Contrairement à d’autres communautés mohawks du Québec, Kahnawà:ke n’autorise pas la vente de cannabis sur son territoire. Cela pourrait bientôt changer : depuis des années, le Conseil mohawk de Kahnawà:ke prend des mesures graduelles pour créer une industrie fortement réglementée pour les magasins de cannabis approuvés par la bande. Mais certains résidents s’opposent fermement à toute activité commerciale liée au cannabis sur leur réserve. Les tensions autour de cette question ont tellement augmenté que tous les membres du comité communautaire sur le cannabis ont quittés, tandis que les résidents sont descendus dans la rue pour manifester leur opposition à la vente au détail de cannabis à Kahnawà:ke. L’un de ceux qui ont quitté le conseil d’administration Darlene Alfred était membre du conseil d’administration de Commission de contrôle du cannabis de Kahnawà:ke (CCCK). Elle est également grand-mère et arrière-grand-mère, et, lorsqu’elle pense au cannabis, elle se demande comment protéger les enfants des méfaits associés à cette substance. « Je ne consomme aucun type de cannabis. Je n’en ai jamais consommé », explique-t-elle. « Mais je voulais m’impliquer parce que j’ai beaucoup de petits-enfants qui grandissent. » Darlene Alfred a démissionné de son poste au sein de la Commission de contrôle du cannabis du Kahnawà:ke | Photo : Archives APTN Contrairement à Kahnawà:ke, dont les dirigeants sont enlisés depuis près d’une décennie dans un débat sur l’octroi de licences aux détaillants de cannabis dans la communauté, la communauté mohawk voisine de Kanehsatake a autorisé la vente au détail de cannabis sans restriction. Cela a conduit à une surabondance de dispensaires de cannabis dans cette communauté, à tel point que le cannabis est devenu un sujet de débat passionné à Kanehsatake. Actuellement, Kanehsatake, avec une population d’un peu plus de 2 200 habitants, compte 20 magasins de vente au détail de cannabis. Kahnawà:ke n’en compte aucun. C’est pourquoi Alfred est devenu membre du conseil d’administration du Commission de contrôle du cannabis du Kahnawà:ke, qui existe depuis un an et demi. « Je voulais voir davantage de réglementations », dit Alfred. « Je ne voulais pas que cela devienne une industrie où l’on compte 181 dispensaires de cannabis. » En tant que membre du conseil de la commission de contrôle du cannabis, Alfred a examiné les demandes des détaillants potentiels de cannabis dans la communauté. Mais même si elle savait que la Commission de contrôle du cannabis avait été mise en place pour introduire des dispensaires de cannabis réglementés par la communauté, Alfred était toujours consciente que de nombreux membres de la communauté s’opposaient à l’ouverture de magasins de vente au détail de cannabis à Kahnawà:ke. Cela explique en grande partie pourquoi le développement d’une industrie réglementée à Kahnawà:ke a pris autant de temps et n’est toujours pas achevé. La communauté débat de cette question depuis même avant la légalisation du cannabis au Canada. « La réglementation des dispensaires à Kahnawà:ke est à l’étude depuis que le gouvernement fédéral a légalisé le cannabis il y a huit ans », Alfred souligne. Et le processus de réglementation ne sera pas résolu de sitôt. Joe Deom représente l’organe de gouvernance traditionnel Longhouse 207. Il affirme que la communauté s’oppose aux magasins de cannabis. | Photo : Archives APTN Joe Deom est un représentant de la maison longue 207, l’une des maisons longues qui perpétuent les traditions de gouvernance communautaire indépendamment du Conseil mohawk élu de Kahnawà:ke, qui est reconnu par le gouvernement fédéral. Deom affirme que l’ouverture de magasins de cannabis suscite aussi une forte opposition de la part de nombreux membres de la communauté. « On vous dit que ça ne peut pas aller de l’avant », déclare-t-il. « La préoccupation est le bien-être de nos enfants et de notre peuple, en raison de l’afflux d’individus louches. » En savoir plus : Une manifestation pour dire «NON» aux dispensaires de cannabis à Kahnawake L’examen des répercussions de la loi sur le cannabis sur les Premières Nations se poursuit à Ottawa Juin 2024 : tous les membres du Conseil de la commission de contrôle du cannabis démissionnent Alfred a démissionné du CCCK, composé de trois personnes, le 24 juin, invoquant l’ingérence politique du conseil mohawk de Kahnawà:ke. Un membre a démissionné avant elle et une autre ne s’est pas présenté à la réélection à la fin de son mandat. Le moment clé qui a motivé la démission d’Alfred a été la visite de trois chefs du conseil sur le site d’un magasin de cannabis potentiel à l’insu du CCCK. « Trois chefs du conseil ont outrepassé leurs limites et se sont rendus sur place sans raison valable », explique-t-elle. « L’un d’eux était leur dossier, oui, mais cela empiétait les responsabilités du conseil d’administration pour la simple raison que nous ne savons pas ce qui s’est passé là-bas. » Alfred dit que les trois chefs sont Jeffrey Diabo, Jeremiah Johnson et Iohahi:io Deslisle. « Au début, c’était un secret », se souvient-elle. « Il nous a donc fallu, je dirais, au moins quatre semaines pour découvrir qui étaient ces trois personnes. » Le Conseil mohawk de Kahnawà:ke affirme prendre les manifestations au sérieux Le Conseil mohawk de Kahnawà:ke (CMK) a été sollicité pour une entrevue, mais n’avait pas répondu avant la diffusion de ce reportage. Par contre, les Nouvelles Nationales d’APTN s’est entretenu avec le grand chef Cody Diabo quelques jours après l’adoption d’un moratoire de 45 jours sur la vente au détail de cannabis. « Nous allons essayer de dialoguer avec le plus grand nombre de personnes possible pendant cette période », Diabo a dit. En avril, aux nouvelles nationales d’APTN, le grand chef a dit comprendre la protestation de la communauté. « C’est une situation émotionnelle, à juste titre » confirma-t-il. « Les gens s’inquiètent pour leurs enfants, leur vie quotidienne, nous voyons ce qui se passe ailleurs en matière de cannabis, de cannabis non réglementé. » Malgé les divisions au sein de la communauté, le conseil de bande poursuit la mise en place d’un nouveau conseil d’administration. Le MCK a lancé un appel le 2 juillet pour recruter trois nouvelles personnes pour siéger au CCCK. Mais Alfred affirme que le conseil devrait écouter la communauté, qui a déjà refusé tout dispensaire de cannabis. « Ils doivent écouter la communauté, » elle souligne, « car nous sommes les parties prenantes de ce territoire. » Continue Reading
Kahnawake : tous les membres du conseil de contrôle du cannabis démissionnent

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