Les défenseurs des forêts des Premières Nations bloquent une scierie

Savanna Craig Jeff Dorn
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Les défenseurs des forêts des Premières Nations bloquent une scierie

Le projet de loi 97 apporte, chaque semaine, son lot de mécontentement grandissant, marqué par des manifestations, des blocus et une pression accrue sur le gouvernement. Les défenseurs des terres ne semblent pas se lasser. Chaque semaine, ils apparaissent dans un nouvel endroit. Il y a deux samedis, c’est devant l’Assemblée nationale du Québec que les défenseurs des terres ont dénoncé ce projet de loi qui divisera les forêts de la province trois zones : les zones de mise en valeur forestière, les zones de conservation et les zones mixtes. Selon le gouvernement du Québec, cette mesure permettra d’équilibrer la conservation et l’exploitation forestière. Plusieurs touchées par le projet de loi 97 affirment qu’ils n’ont pas été consultés de manière appropriée. C’est d’ailleurs ce que maintient un des organisateurs de ce rassemblement, Xan Choquet (qui utilise le pronom iel), issus de la Première Nation Innu de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan. « Je vois comment le territoire est déjà détruit par les compagnies forestières, les autres compagnies », explique t-iel. « En tant que premier peuple, on n’a pas été consultés, on ne s’est pas fait demander. Puis, fais que c’est ça, on est là pour ça, pour montrer, en fait, notre désaccord face au projet de loi 97, puis demander qu’il soit enlevé. » Forêt montrant les effets de la coupe à blanc pratiquée par l’industrie forestière. Photo : archives APTN Au même moment, juste au nord de sa communauté d’origine, le groupe Première Nation Mamo et les Gardien(ne)s du Nehirowisiw Aski organisaient des blocages de voies ferrées, ainsi que des accès à trois scieries appartenant à la société forestière Domtar-Résolu, comme celle-ci à Saint-Prime. Le groupe des défenseurs des terres tente de convaincre les passants de la justice de sa cause : les Premières Nations doivent avoir leur mot à dire sur le projet de loi 97. Dave Petiquay mène les protestations. Il affirme que les personnes impliquées dans le projet de loi 97 ne devraient pas prendre de décisions concernant une loi ayant un impact sur les terres des Premières Nations. « C’est les chefs de territoire, les familles, les chefs héréditaires à décider ce qui se fait dans le territoire », il explique. « Ce n’est pas les conseils de bande, ni le gouvernement, ni les forestiers. Et surtout pas Domtar-Résolu qui appartient à une firme étrangère. » En savoir plus: L’opposition au projet de loi 97 sur la foresterie prend de l’ampleur Le chef de l’APNQL à l’assemblée nationale pour dénoncer le projet de loi 97 Petiquay et d’autres gardiens de territoire ont fait le tour des communautés pour diffuser leur message. Il y a quelques semaines, Nouvelles nationales d’APTN s’est entretenu avec Petiquay à Wemotaci, sur le territoire Atikamekw, où il construisait des tipis pour empêcher les camions forestiers d’entrer sur le territoire. Petiquay affirme que ce combat n’a pas commencé avec le projet de loi 97. « Depuis 2023 qu’on est actif. On n’a jamais abandonné le combat. » Camion forestier transportant du bois récolté. Photo : archives APTN Cette semaine, l’APNQL et cinq autres chefs ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à la consultation de haut niveau avec le gouvernement du Québec. Le chef Sipi Flamand dirige le Conseil des Atikamekw de Manawan, l’une des nations qui se sont jointes à l’APNQL pour rejeter toute nouvelle consultation avec la province. « Ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère, » dit-il. « On est allé à la table avec une réelle volonté de coconstruire, mais un moment donné, il faut être honnête. Le processus tel qu’il est présenté ne respecte ni nos droits ni notre statut de gouvernement. Donc, on ne peut pas rester assis à une table qui ne mène nulle part. » Les parties affirment que la ministre des Ressources naturelles et des forêts, Maité Blanchette-Vézina, refuse de s’engager clairement et formellement à mettre en place un processus approprié avec les nations concernant le projet de loi 97. « Je crois qu’ils sont complètement ignorants, côté premières nations », s’exprime Petiquay. « Ils disent qu’ils veulent travailler avec, mais c’est juste des belles paroles. » Guy Paul, aussi gardien du territoire, affirme qu’il ne s’agit pas simplement de foresterie, c’est de la mise en œuvre de lois qui affectent les Premières Nations sans les inclure dans la prise de décision. Il dit que, pour conserver le pouvoir de décision sur leurs terres, le projet de loi 97 ne peut être adopté. « Parce que, si elle passe », il dit, « on n’aura plus le droit de parole sur nos territoires. » Depuis, Première Nation Mamo et les Gardien(ne)s du Nehirowisiw Aski ont annoncé dans un communiqué de presse avoir mandaté le cabinet Frédéric Bérard pour les accompagner dans la défense de leurs droits ancestraux et de leurs terres non cédées, menacées par des activités forestières sans leur consentement. Continue Reading

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