Si leur demande de financement au programme fédéral du Principe de Jordan n’est pas accordée prochainement, la mère de jumelles de la nation Wendat affirme que ses filles devront peut-être changer d’école secondaire ou pire même, être séparées. Le programme fédéral a pris en charge les frais de scolarité de Violette depuis trois ans et ceux de Rosalie, depuis deux ans. Noémie Vincent, la mère des jumelles, a déclaré à APTN Nouvelles nationales que Violette et Rosalie ont des difficultés d’apprentissages depuis qu’elles sont petites : « On a eu des troubles d’apprentissage qui ont été diagnostiqués », a-t-elle déclaré, ainsi qu’un « trouble d’attention et anxiété ». Vincent dit avoir menées des recherches approfondies avec le père des filles afin de trouver une école qui pouvait répondre aux besoins particuliers de leurs filles. Leur choix s’est arrêté sur l’Académie Centennial, une école secondaire privée de Montréal, dont la mission est de soutenir les enfants ayant des difficultés d’apprentissage, pour les rendre plus autonomes et résilients. « [Cela a] complètement changé nos vies », a-t-elle déclaré. « C’est certain qu’il y a un coût à ça. Quand j’ai su que le Principe de Jordan pouvait financer ça, sincèrement j’ai versé une larme. J’étais tellement soulagée. Ça complètement tout changé. Elles sont heureuses, sont motivées, l’anxiété est descendue. » Vincent dit avoir appris au milieu de l’été, que la réponse à leur demande n’entrera pas à temps pour la rentrée scolaire. « On s’est retrouvé vraiment mal pris. Qu’est-ce qu’on fait ? » a déclaré Vincent. « On souhaite de tout cœur qu’elles puissent continuer là-bas. » En savoir plus : Le Principe de Jordan sauve la vie d’un jeune bambin algonquin âgé de 14 mois Les libéraux promettent des milliards de dollars et le contrôle de l’éducation des Premières Nations C’est le cas pour de nombreux parents qui, cette année, sont en attentes des réponses suivant leur demande de subvention au programme du Principe de Jordan. À ce stade-ci, la famille se démène pour trouver d’autres moyens de payer les frais de scolarité mensuels. « Moi, ça m’inquiète parce que l’école coute cher », a déclaré Violette, une des jumelles, à APTN, « pis je sais que c’est vraiment dur à payer ». « Ici, j’ai tous mes amis », a ajouté Rosalie, l’autre jumelle. « Je comprends bien les cours et tout. Il se peut que je parte, mais je n’ai pas envie ». Cette situation met la maman dans une position délicate : « C’est sûr qu’une des deux jumelles qui a plus de difficultés que l’autre », a-t-elle déclaré. « Pour celle qui a plus de difficultés, on va essayer de tout faire pour la garder à cette école-là. Peut-être prendre un prêt, peut-être demander à la famille… Ça me brise le cœur de me dire qu’elles seraient séparées. » Vincent dit avoir épluché les programmes de soutien aux élèves ayant des difficultés d’apprentissages : « Sinon, il y a les écoles publiques », dit-elle, « Pour l’avoir essayé dans le passé, ma fille, ça l’a mise en dépression. C’était trop pour elle. » Le principe Jordan et son programme de subventions, portent le nom de Jordan River Anderson, un enfant de la nation Cri de Norway House, au Manitoba, né avec des handicaps multiples. Il est décédé le 2 février 2005, après avoir passé l’entièreté de sa vie à l’hôpital pour enfants de Winnipeg. À l’âge de deux ans, il a été jugé apte à vivre dans un foyer adapté à ses besoins médicaux, mais il a dû attendre que les gouvernements fédéral et provincial s’entendent pour savoir qui devait payer ses soins de santé à domicile, sur la réserve. Cette mésentente a empêché Jordan de vivre chez lui, auprès des siens. Le gouvernement fédéral procède actuellement à une réévaluation du programme, ainsi que de ses critères de sélection, ce qui retarde l’acheminement de réponses. Lorsque le Conseil mohawk de Kahnawake (CMK) a appris que le financement du principe de Jordan serait retardé, il a pris position : « Nous en avons discuté et avons décidé de répondre en priorité aux besoins les plus urgents, soit, je crois, 25 élèves », a déclaré Jeffrey Diabo, chef de portefeuille principal pour l’éducation au CMK. Le conseil a donc adopté une mesure d’urgence exceptionnelle pour couvrir les frais de scolarité de l’année en cours, soit un montant de plus de 325 000 dollars, dans l’attente d’un remboursement intégral par le programme du Principe de Jordan. La mère a réagi lorsqu’elle a apprise la décision du CMK : « Je me suis dit « Wow, ça veut dire qu’ils croient au potentiel de ces élèves-là », a-t-elle déclaré. « c’est sur que l’on pousse dans ce sens-là. On pourrais-tu avoir un plan b, même si c’est juste une partie qui pourrait nous aider. » Vincent en a parlé à sa communauté d’origine, la nation Wendat de Wendake et la mère comprend que le conseil de Wendake a les mains liées. Leur demande de subvention a été envoyée, mais le conseil attend également une réponse. Elle souligne que, lorsqu’elle souhaite parler à quelqu’un de la situation, les différents acteurs se renvoient la balle, ne retournent pas ses appels ou la réfère au 811. L’inaction du gouvernement inquiète Vincent : « Si en plus le gouvernement vient couper nos possibilités d’envoyer nos enfants-là. Ils ne nous mettent pas une autre solution devant nous. On n’a juste pas de solutions ». La ministre fédérale responsable du principe de Jordan, Mandy Gull-Masty, n’a pas été en mesure de répondre à la demande de commentaires, avant la date limite de publication. Qui paiera la note des frais de scolarité des mois à venir? Est-ce que les jumelles devront se séparer et l’une d’elle changera d’école? L’histoire ne le dit pas encore, mais le temps, lui, presse. Continue Reading
Les retards liés au principe de Jordan menacent lannée scolaire des jumelles Wendat

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