Pratiques de sages-femmes autochtones : un retour partout au pays

Kim Sullivan
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Pratiques de sages-femmes autochtones : un retour partout au pays

L’idée de ranimer les pratiques de sages-femmes autochtones est au cœur des discussions dans plusieurs communautés à travers le pays. Au-delà du développement de la pratique elle-même, on observe un regain d’intérêt pour la valorisation des savoirs traditionnels, des rituels, et des façons autochtones d’aborder la grossesse, l’accouchement et les soins périnataux. Le Conseil national autochtone des sages-femmes (National Aboriginal Council of Midwives – NACM) œuvre activement à renforcer la formation en pratique sage-femme, conçue par et pour les Autochtones. On voit de plus en plus de gardiennes de naissance autochtones s’associer à des cercles de sages-femmes agréées, afin de pouvoir assister aux accouchements et faire un pas de plus vers l’autonomie reproductive, tout en offrant des services profondément enracinés dans les cultures et les savoirs autochtones. À Kahnesatà :ke, une première naissance à domicile a eu lieu en 50 ans, peu de temps avant l’ouverture officielle de l’espace multigénérationnel pour femmes Tekontaterièn:tare. Patricia Gabriel et sa collègue Taionthahine Nicholas sont des gardiennes de naissance. Leur rôle est de promouvoir la souveraineté reproductive, tout en offrant un support émotionnel, physique et spirituel aux femmes de Kahnesetà:ke. Taionthahine précise : « C’est vraiment d’accompagner les femmes d’une manière très profonde. Et ça implique de mettre à profit tous nos enseignements culturels et traditionnels, nos remèdes, et d’être très connectés à la communauté. » Elles aspirent aussi à raviver chez les femmes leur lien avec la terre-mère durant l’acte de naissance – cette première étape de vie considérée comme un moment sacré. Gardiennes de naissance Patricia Gabriel et Taionthahine Nicholas dans la cuisine du nouvel espace multigénérationnel pour femmes Tekontaterièn:tare Une première naissance en communauté Il y a quelques semaines, un bébé garçon est né dans cet espace – une première naissance à domicile en 50 ans pour la communauté. Les deux collègues n’assistaient pas à leur premier accouchement, mais elles ont quand même ressentie la singularité du moment : «C’est vraiment… C’est vraiment un privilège, » dit Patricia. « Celui-ci m’a vraiment marqué, parce que c’était ici, à Kahnesatà:ke, où j’ai grandi, et j’ai eu la chance de participer à cet événement important, » rajoute Taionthahine. Taionthahine a donné naissance à l’hôpital, mais elle dit que malgré les 10 personnes dans la pièce, elle s’est sentie seule. Devenir gardienne de naissance était aussi une façon de s’assurer qu’aucune femme ne se sentirait ainsi. Ici, l’expérience sera différente – comme en territoire, entouré de femmes qui soutiennent la nouvelle maman, qui l’écoute. « Elle avait l’impression d’être au centre de tout ce qui se passait. On ne lui disait pas quoi faire, on lui demandait : « où en es-tu ? Que ressens-tu ? Que pouvons-nous faire pour toi ? ». La revitalisation culturelle est au cœur de la mission du centre de santé de Kanehsatà:ke. Leur directeur général, Teiawenhniseráhte Jeremy Tomlinson, ajoute qu’en plus de la revitalisation culturelle, «c’est plus une réautochtonisation. On l’a déjà en dedans de nous. Autant que les traumatismes générationnels sont dans notre génétique, cet attachement-là à notre culture est aussi présent. » C’est avec cette idée en tête qu’ils ont fait l’achat de la ferme Tsontkwahtentionhátie, où ils ont bâti l’espace multigénérationnel pour femmes Tekontaterièn:tare. Ferme Tsontkwahtentionhátie, sur le territoire Mohawk de Kanehsatà :ke « C’est vraiment d’offrir des services et la programmation pour les femmes pour tout le cycle de vie. Fait que préconceptions jusqu’à la ménopause, » précise Patricia. Non seulement ces accompagnants soutiennent les femmes à chaque étape de leur vie, mais ils offrent aussi une variété de programmes, comme des enseignements sur le cycle lunaire destinés aux jeunes filles, des cérémonies de guérison, du soutien post-partum, ainsi qu’un espace d’accouchement pour celles qui souhaitent donner naissance en dehors du cadre hospitalier. L’aménagement de la pièce reflète une volonté claire: mettre le confort et la culture au premier plan. Le tout, dans un environnement naturel et paisible. Patricia précise que ce n’est pas seulement la pièce, mais bien la ferme qui l’entoure aussi qui offre cette connexion à la terre-mère. « Nous sommes tellement bien entourés par la nature et tout ce qu’elle a à offrir. Maman est sortie quand elle a commencé à avoir des contractions et s’est simplement connectée à la nature qui l’entourait. » Petite anecdote à propos de ce moment : «Elle avait des contractions et était penchée par en avant quand une mouffette est sortie… elle l’a regardée, puis elle a continué son chemin! », raconte Taionthahine, « c’était comme si toute la création retenait son souffle, comme si elle observait, comme si elle savait que quelque chose d’important était en train de se passer. » « Je vois donc tout le monde se rassembler d’une manière qui n’avait pas été vue ici depuis très longtemps… Même au sein des écoles et de la loge des anciens, tout est tellement séparé. C’est donc un espace où la communauté se retrouve. » – Taionthahine Nicholas Quand un bébé naît, le rôle de chacun à l’intérieur d’une famille change. En redonnant aux femmes un espace où la naissance peut être vécue dans le respect des traditions, du territoire et de leur autonomie, ce lieu devient bien plus qu’une salle d’accouchement. Continue Reading

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