Le 27 octobre dernier, une adolescente de 13 ans de Val-d’Or était portée disparue. La Sûreté du Québec a demandé l’aide du public pour la retracer. Trois jours plus tard, le téléphone du bureau du Chef de liaison au Réseau Enfants-Retour, Patrick Bergeron, a sonné. « Moi, j’ai eu un appel, pas longtemps après, par les enquêteurs », dit-il, « la bonne nouvelle – que la jeune fille avait été retrouvée. » C’est le genre de nouvelle qu’il aime recevoir. « Nous on travaille dans les dossiers de fugues », explique Bergeron, « dans les dossiers d’enlèvements par parent et ce qu’on appelle les enlèvements criminels donc non parental. Chaque dossier est différent. » Son travail consiste à faire le pont entre les corps policiers et les familles des enfants disparus. En savoir plus : Montreal: L’annonce d’un carte interactive sur les femmes autochtones assassinées et disparues Anne Panasuk, la conseillère spéciale pour le soutien aux familles d’enfants autochtones disparus La jeune fille de Val-d’Or est autochtone et sa disparition n’est pas un cas isolé, comme le souligne Mélanie Aubut, la Directrice générale du Réseau Enfants-Retour. « Nous, on commence à avoir de plus en plus de dossiers qui sont reliés à des jeunes autochtones », dit-elle. « Au Canada, en 2024, on parle d’à peu près 32 000 disparitions de jeunes. Et sur ces 32 000 là, il y a 23% qui sont des jeunes autochtones. C’est un très grand pourcentage pour une seule communauté au Canada. » La disparition des jeunes autochtones touche malheureusement un genre plus qu’un autre. Comme le souligne la directrice générale : « Sur ce 23% là, il y a 67% qui sont des filles. » APTN Nouvelles nationales a demandé au Réseau Enfants-Retour et à son équipe de recenser les chiffres sur les enfants autochtones disparus au Canada en comparaison avec la population canadienne. Les chiffres pour 2022 et 2023 sont au-dessus de vingt pourcents et le déséquilibre des genres demeure. Les raisons qui expliquent ces données restent à explorer, mais des réflexions s’imposent. Lorsqu’une disparition d’un enfant ou d’un adolescent issu d’une communauté autochtone est signalé, Bergeron adapte sa façon de faire aux réalités autochtones. Cumulant presque vingt ans au service du réseau, il a l’expertise pour servir la communauté selon leurs besoins. « Historiquement », dit-il, « il y a eu un manque de confiance avec les communautés autochtones, avec les autorités policières et d’autres instances gouvernementales. » Si les familles ne se sentent pas écoutées, Bergeron peut parler en leur nom aux enquêteurs sur le dossier. « Mon rôle à moi à ce moment-là c’est de communiquer avec les enquêteurs, voir où en est le dossier et qu’est-ce qui a été fait dans le dossier et comme est-ce que l’on peut améliorer cette communication-là, pour que la famille se sente, écoutée, épaulée et pris au sérieux. » Pour les familles des enfants et adolescents qui manquent toujours à l’appel, malgré les années, l’écoute, elle, demeure, comme l’explique Nancy Duncan, la Directrice des opérations. « Ils vont nous appeler quand y’a un moment, une journée que ça ne va pas bien. Des fois, c’est plus dur de parler à leur entourage, surtout après plusieurs années, mais nous on est toujours là. » Il existe deux dossiers toujours actifs au Réseau Enfants-Retour qui sont ceux de deux jeunes filles autochtones soit Shannon Alexander et Maisy Odjick, membres de la nation de Kitigan Zibi. Les deux meilleures amies sont disparues ensemble, en septembre 2008. Shannon Alexander en 2008, accompagnée d’une image vieillie montrant à quoi elle pourrait ressembler aujourd’hui. Nancy rappelle leur implication dans leur disparition. « Tout de suite », elle se souvient, « on a développé les avis de recherche assurer qu’on peut l’envoyer à des endroits ciblés, offrir un soutien et conseiller la famille aussi, pis offrir les ressources nécessaires pour les aider à retrouver. » Le Réseau a poursuivi son soutien à des étapes importantes dans le temps, comme l’indique Aubut. « On a fait la marche du 5e anniversaire. On a fait la marche du 10e anniversaire avec la famille aussi. On a participé au vieillissement de photos des jeunes femmes. » Maisie Odjick en 2008, accompagnée d’une image vieillie montrant à quoi elle pourrait ressembler aujourd’hui. Ces disparitions ont marqué les employés du Réseau, qui sont d’ailleurs toujours en contact avec la famille de Maisy Odjick. Cette année, l’organisme souligne ses 40 ans de services, un souhait pour des réponses dans l’histoire de Shannon et de Maisy serait de mise. « Peut-être qu’il y a quelqu’un qui connaît quelque chose pis ils n’ont juste pas eu la chance. Ils ne sont pas sûrs, mais peut-être c’est le petit morceau pour nous aider à terminer le casse-tête », dit Duncan, qui ne cessera pas de chercher des réponses. Si vous, ou quelqu’un que vous connaissez, pensez avoir des informations sur la disparition d’un enfant ou d’un adolescent, veuillez rejoindre la Centrale de l’information criminelle de la Sûreté du Québec : 1-800-659-4264. Si vous préférez vous adressez à Nancy Duncan ou Patrick Bergeron, ils sont, eux aussi, à l’écoute. Continue Reading
Statistiques exclusives: 23 % de tous les enfants disparus au Canada sont autochtones
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